Un A31 sur son plan d’eau anglais

Ce n’est pas tous les jours qu’on passe la pointe de Bretagne avec un coefficient de marée aussi faible : 32. Nous aurions eu tort de nous en plaindre, car un petit contre-temps technique ayant modifié notre timing, nous nous sommes présentés à l’entrée du Raz de Sein avec une marée de retard, et jusqu’à la sortie du Four nous avons eu à lutter contre le jusant. Pour la circonstance nous avons inauguré un petit crochet dans l’Ouest de l’îlot de Tévennec, où le courant est effectivement moins fort

 

Au départ de la Trinité sur Mer, à la barre d’un A31 portant pavillon britannique.

L’option avait été identifiée dès la rédaction du passage planing (un document de dix pages balisant dans tous les sens du terme notre parcours des Sables d’Olonne à Weymouth), une fois encore il se confirme que l’anticipation et les plans B sont les clés d’une navigation réussie (sans oublier un équipage au point, merci Théo et Laurent).

De la Vendée aux côtes Sud d’Angleterre le parcours est bien technique et ne laisse guère de répit, lorsqu’on laisse derrière soi les exigences de la navigation côtière c’est pour croiser le traffic des cargos; un bateau aussi vivant et véloce que l’Archambault 31 réclame de surcroît une attention permanente aux réglages et à la voilure du temps, voilà un convoyage qui ne risquait pas de tomber dans la routine ! L’atterrissage de l’autre côté de la Manche a fourni un nouveau motif de remue-méninges : à Portland Bill même en mortes-eaux le courant est redoutable, par mer belle on peut être tenté d’emprunter le passage entre la pointe et le banc Shambles, finalement le détour par l’Est semble être en toutes circonstances la meilleure idée. L’arrivée sous les falaises de Weymouth est splendide, la côte est vierge de toute construction sur des kilomètres, et le panorama a pris des teintes incroyables tandis qu’un orage sévère nous cueillait sur les tous derniers milles. Le port au coeur de la ville est coquet à souhait, les pubs sont à portée d’aussière, et pour trouver un fish & chips il n’y a que l’embarras du choix. Voilà un menu dont on ne ferait pas forcément son ordinaire – si on a l’estomac français – mais lorsqu’on vient de couvrir quelques 350 milles avec une bouilloire et des soupes chinoises prêtes à servir, il faut savoir ne pas bouder son plaisir.

L’acheteur anglais à qui je livrais cette unité achetée d’occasion aux Sables attendait sa nouvelle monture avec impatience, nous avons enfin fait connaissance après les nombreux échanges par mail ayant conduit à ce contrat de convoyage et c’était une fort belle rencontre. Après la communication de mon rapport technique nos discussions se poursuivent autour de l’optimisation du jeu de voiles. Voilà un bateau dont je devrais suivre avec attention les résultats en course sur son nouveau plan d’eau.

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