
Un beau projet, la ré-édition du Cours des Glénans
Pour la deuxième fois, le centre nautique des Glénans a fait appel à moi pour coordonner sur le plan éditorial la réédition de son « Cours », ouvrage de référence surnommé non sans raison « La Bible » car on y trouve réponses à la quasi-totalité des questions que peut se poser un pratiquant de voile légère ou habitable, qu’il soit néophyte ou expérimenté. Cette aventure éditoriale s’est de nouveau révélée aussi riche et gratifiante qu’exigeante.
La réédition d’une telle somme de 1072 pages, rédigée pour l’essentiel par des bénévoles de l’association « Les Glénans » n’est pas une mince affaire, c’est un projet qui se porte sur près de deux années. Mais cela reste pour moi un plaisir, à la fois parce que l’ambition est haut placée, parce que je constate à chaque chapitre combien ma pratique professionnelle de skipper et mon ancien métier de journaliste se sont mutuellement enrichies, et aussi pour une raison très personnelle : même si je n’ai jamais vraiment navigué aux Glénans – hors deux semaines fort instructives sur les bateaux des « liaisons » qui ravitaillent les infrastructures des îles depuis Concarneau – cette école de voile est liée à mon histoire familiale.
Mon père y a appris la voile au lendemain de la seconde guerre, il a skippé en course Le Glénan, splendide Classe 1 IOR dessiné par John Illingworth, et présidé l’association dans les années 60. Mes parents s’y sont rencontrés, gamin je les avais accompagnés pour plusieurs semaines de résidence sur l’île de Penfret où mon père dirigeait un stage de perfectionnement de moniteur. Je ne débarque jamais là-bas sans une petite bouffée de nostalgie, et je suis sensible à l’idée qu’en travaillant ainsi pour les Glénans à plus d’un demi-siècle de distance je fais honneur à un héritage.
La réalisation de la 8ème édition avait été l’occasion d’une refonte en profondeur du Cours, tant sur le fond que sur la forme, avec le choix d’illustrer toutes les problématiques par des photographies plutôt que des schémas chaque fois que cela s’avérait possible. La 9ème édition procède plus d’une mise à jour, tenant compte des nouveautés techniques dans la pratique de la voile mais aussi des évolutions sociétales et des préoccupations qui en découlent : une attention plus marquée à l’impact de nos bateaux et de nos navigations sur l’environnement, la lutte contre les discriminations de genre au sein des équipages, une approche plus réfléchie de la façon de vivre ensemble à bord.

Les nouveaux chapitres du Cours sont aisément identifiables : par exemple l’usage du spi asymétrique, la navigation sur foils, la gestion d’équipage, la recherche de solutions moins polluantes dans la fabrication des voiliers ou dans leur mode de propulsion auxiliaire. Mais les apports de cette 9ème édition ne s’arrêtent pas là. Tout le livre a été passé au crible, de façon à actualiser la moindre information, qu’il s’agisse des modèles météorologiques numériques ou du montant de la limitation financière de responsabilité pour un voilier à l’origine d’un accident.

Rééditer le Cours, c’est aussi s’interroger sur la façon dont les savoirs peuvent être transmis de façon encore plus claire, plus pédagogique, et donc plus compréhensible. C’est ainsi, par exemple que le chapitre sur l’électricité de bord a été entièrement revu, pour un résultat qui devrait convaincre même ceux qui au lycée regardaient par la fenêtre pendant les cours de physique.

Doté d’une couverture orange – couleur évoquant l’armement de sécurité de nos navires – ce Cours des Glénans 9ème édition est aussi indispensable que la bouée fer à cheval ou le coffret de fusées.