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Frédéric Augendre, skipper professionnel
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Carnet de bord

En croisière sur un Outremer 5X

Une certitude est désormais acquise, au terme de cette mission à bord d’un Outremer 5X, catamaran de voyage (très) performant de 18,50 m de long : la période mars-avril est encore un tantinet précoce pour les croisées peinardes en Méditerranée. Lors de mes convoyages au fil des ans, cela ne m’avait jamais franchement préoccupé ni même interpellé : on enfile des chaussettes chaudes sous les bottes, on serre le col et les poignets du ciré, on porte la toile du temps, au pire on se planque 24 ou 48 heures quelque part pour laisser passer le gros d’une dépression hivernale, mais pour le reste on avance sans faire son douillet.

S’agissant d’amener une petite famille à la découverte de son nouveau bateau et des exigences de la navigation semi-hauturière ou hauturière, c’est tout de même une autre histoire. Il a fallu se faufiler entre les coups de vent (lorsque le flux d’Ouest se calmait, c’était pour mieux revenir de l’Est après une courte rémission, et vice-et-versa), bien choisir ses mouillages histoire de dormir confortablement, adapter le programme et la route autant que nécessaire : à 8 ou 10 noeuds face à la mer, ce genre de machine a vite fait de vous rappeler que la vitesse peut être aussi un inconfort, éviter les parcours bout au vent lorsque cela se creuse n’est pas un luxe.

Au départ de Port Camargue par un temps de demoiselle que nous ne reverrons pas souvent. La corvée de carburant, sur ce type de bateau, est aussi rapide que rare : le cata est si véloce dans les petits airs que les moteurs ne sont guère utilisés hors des ports.

Qu’importe, si l’on considère que mes clients, des Américains venus de l’Utah, ne faisaient là que débuter une longue itinérance de plusieurs années : à cette échelle de temps, on se moque un peu de rester coincer deux jours ici ou trois jours là par le mauvais temps. On oublie un peu trop souvent que naviguer c’est voyager, et donc aussi savoir se poser, visiter, oublier la mer par intermittences pour voir du pays…

Pour Matt, Gina, et leurs trois enfants, qui n’étaient venus qu’une fois en Europe – lors de l’acquisition de leur voilier – chaque escale était une découverte, historique, touristique, culturelle, gastronomique. Dès notre première pause à Marseille mes clients se sont avérés enchantés, et l’obligation de prendre la navette au port du Frioul pour se rendre en ville – au Vieux port il n’y a que trop peu de places pour les bateaux de passage, et encore moins pour ceux de ce calibre – n’a jamais pesé.

En repartant de Marseille, où je me suis plu à jouer le guide touristique. En arrière-plan l’archipel du Frioul, qui a abrité notre escale de quelques jours.

Naviguer à cette époque, c’est aussi se retrouver seul au mouillage à Porquerolles (un luxe inouï pour qui garde en tête sa dernière escapade estivale), poser l’ancre à Théoule pile en face d’un restaurant de poissons méritant résolument le détour, visiter le musée Picasso d’Antibes sans faire la moindre queue, déambuler à Elbe dans les rues de Portiferraio ou sur la place de Porto Azzuro sans croiser grand-monde d’autre que les résidents permanents de l’île … Nous ne retrouverons les grandes foules qu’en visite au Coliseum et au Forum de Rome, ralliée en une heure de voiture de location depuis notre escale près d’Ostie.

Sous Code zéro entre cap Bénat et l’île du Levant.
En doublant les iles de Lérins. Ça piaule, de nouveau.
Devant le cap Corse, sous deux ris et trinquette, par un froid de gueux. En prime le plaisir de voir le vent tourner autour du Cap en même temps que nous. A tirer des bords jusqu’à Bastia …
Un Frioul 38 rencontré à Elbe. Florence Arthaud avait couru la Route du Rhum 78 sur l’un des ces plans Mauric construits pour l’école de voile de Marc Linski

Prendre en mains un nouveau bateau, c’est passer beaucoup de temps à le découvrir, à s’y adapter, à le mettre à sa main et à l’optimiser en relation avec ses propres exigences et en relation avec son programme de navigation. Sur une machine de 60 pieds aussi sophistiquée, il y a de quoi faire, l’un des sujets majeurs consistant à réfléchir et mettre en oeuvre toutes les solutions pouvant à l’avenir faciliter la vie et les manoeuvres à un équipage familial. Dans sa vie précédente, cet Outremer 5X était aux mains d’un propriétaire dont la passion était la course en équipage et la chasse aux records de vitesse : garde-robe, plan de pont, appendices et aménagements avaient été adaptés en conséquence, avec pour résultat un bateau certes très véloce et particulièrement excitant en navigation, mais en contrepartie particulièrement exigeant. Des modifications avaient déjà été apportées en termes de confort après l’achat d’occasion du bateau, mais c’était encore loin de faire le compte s’agissant d’assagir la bête et d’en faciliter l’utilisation.

Je n’aurai pas regretté d’avoir emmené ma trousse de matelotage. Ce jour-là, il s’agissait d’installer dans la soute à voiles des palans facilitant le « matossage » d’une garde-robe aussi abondante (et volumineuse) que sophistiquée

Un sujet majeur aura retenu mon attention un bon moment : la correction des données de vent de la girouette en fonction de la rotation appliquée au mât pivotant. Sans cela, pas d’angles de vent fiables, aucune indication sérieuse de la force du vent réel, et aucun espoir de naviguer sous pilote automatique en mode vent. La question aura été finalement été résolue avec l’intervention d’un technicien de NKE Italie.

Bientôt ma mission prenait fin, d’autres engagements m’appelant ailleurs, il était temps de faire mon sac et de rédiger les dernières lignes d’une liste de préconisations visant à transformer le catamaran en voilier de croisière un peu moins radical. Dommage, la météo annonçait l’arrivée des vrais beaux jours, ce serait au prochain skipper d’en profiter.

Sous spi asymétrique, un avant-goût de l’été… enfin !

Carnet de bord

A fond dans la préparation d’un tour du monde

19,4 noeuds en vitesse de pointe, ce n’est pas tous les jours qu’on signe de telles performances à la barre d’un bateau de croisière. Neuf noeuds de moyenne sur une traversée de plusieurs jours, entre le Sud de l’Espagne et les Canaries, ça parle aussi : les Outremer ne sont pas tout à fait des catamarans comme les autres.

C’est une très belle mission qui s’est achevée pour moi, début novembre 2021, à Santa Cruz de Tenerife. Au total, j’aurai passé près de six semaines, en plusieurs épisodes, sur cet Outremer 51 en partance pour un tour du monde de trois ans par les tropiques et Panama. Mon rôle : préparer au mieux le bateau et son propriétaire à leur long voyage.

Piedralibre réalise ce tour du monde dans le cadre du Grand Large Yachting World Odyssey, un rallye organisé par le groupe de construction navale qui possède les marques Outremer, Gunboat, Garcia, Allures et RM – chacune avec ses spécificités bien marquées, mais toutes résolument orientées vers le grand voyage. Avec ses points de regroupement – les participants sont libres de leur itinéraire entre deux escales « officielles » -, sa logistique, un suivi météo, un SAV dépêché par les chantiers à intervalles choisis, le rallye est un cadre sécurisant et rassurant. Il n’empêche : le propriétaire a souhaité mettre toutes les chances de son côté en se faisant accompagner dans les préparatifs et sur les premières étapes du voyage.

Etiquetage, rangement et listing tout le matériel de rechange et de secours.

Optimisation du bateau et de son accastillage, passage en revue des configurations de voilure en fonction des conditions de mer et de vent, conduites à adopter par gros temps, briefings et procédures de sécurité, manoeuvres sous voiles, organisation de la vie du bord et rythme des quarts, utilisation pertinente des instruments électroniques, réglages du pilote automatique, capture et utilisation au large des données météo, gestion de l’énergie, rédaction des plans de route, vérification et rangement de tout le matériel de secours, tous les secteurs du jeu auront été passés en revue. Nous avions commencé à débroussailler tout cela avant l’été, lors d’une croisière en double qui nous avait amené de Port Camargue jusqu’en Corse et retour. Le projet était d’approfondir ces bases et de consolider les acquis sur le début du rallye, jusqu’aux Canaries.

En escale dans l’étroite cala de Ciutadella (Minorque)
Devant Ibiza, l’Outremer bien calé au près sur ses dérives.
Au mouillage dans la réserve naturelle d’Espalmador, tout près d’Ibiza

Le dernier volet de cette collaboration a donc pris la forme d’une croisière à l’ambiance très studieuse, mais aussi bien joyeuse (souvent festive aux escales, gastronomique aussi) depuis la Grande Motte, départ du GLYWO jusqu’à Tenerife, en passant par Minorque, Barcelone, Majorque, Espalmador, La Linea de la Concepcion (ville espagnole frontalière de Gibraltar), Cadix, Séville, Lanzarote et pour finir, Santa Cruz de Tenerife.

Pas mieux qu’un spi symétrique pour descendre dans le vent.

Point d’orgue, cette avant-dernière navigation entre Séville et Lanzarote, dans un alizé bien soutenu qui nous aura accompagné du travers du détroit de Gibraltar jusqu’aux premiers dévents des îles. L’Outremer 51 m’avait déjà épaté dans les eaux méditerranéennes, en alignant régulièrement des vitesses « à deux chiffres » dès qu’on envoyait une voile de portant, mais il avait encore de la ressource et n’attendait que les longues houles de l’Atlantique pour allonger la foulée. Cerise sur le gâteau, la satisfaction de voir tous les concurrents du rallye loin dans le rétroviseur, quand bien même il ne s’agissait pas une course : qui ne s’est jamais fait plaisir en « déposant » les voiliers croisés sur le plan d’eau ? Un repos bien mérité à Lanzarote et c’était le dernier petit tronçon jusqu’à Tenerife, en soignant comme toujours trajectoires et empannages, puis changement d’équipage, et Bertrand et Piedralibre ont poursuivi leur beau voyage avec, j’espère, un maximum d’atouts en main.

Dans les petits airs, dernier bord vers Santa Cruz.

Carnet de bord

Coaching en Outremer 51

Ce propriétaire s’est inscrit au rallye Grand Large Yachting World Odyssey, un tour du monde sur trois ans, et c’est dans cette optique qu’il m’a embarqué quinze jours au départ de la Grande Motte, pour deux semaines destinées à optimiser le bateau et à progresser dans tous les secteurs : réglages et manoeuvres, météo et stratégie de route, mouillages et manoeuvres de port, sécurité et procédures, préparation au grand large…

A Campo Moro. L’Outremer, ça a de l’allure (photo F. Augendre)

En raison des restrictions sanitaires pour les voyages à l’étranger, encore bien serrées en cette fin mai, nous avons préféré filer vers la Corse plutôt que la Tunisie ou les Baléares, initialement au programme. Notre petit périple très studieux nous a menés jusqu’aux Lavezzi au Sud, à Rondinara côte Est, et Calvi sur la côte occidentale.

Le sillage s’allonge, fait encore un peu frisquet (photo F. Augendre)
Travail des réglages sous spi asymétrique (photo F. Augendre)

Si la traversée aller s’est avérée humide, froide et bien houleuse, la suite s’est déroulée dans une météo de rêve, et le retour sous code D nous a permis d’afficher tout du long des vitesses à deux chiffres : l’Outremer, et à plus forte raison en version mât carbone, n’est pas de ces bateaux qui lambinent en chemin.

Pour griller du gasoil en Outremer, il faut vraiment qu’il y ait pétole ! Dans la réserve de la Scandola (photo F. Augendre)



Navigation sous code D (api asymétrique sur emmagasineur)
Sous code D (photo F. Augendre)

L’aventure se poursuivra en octobre, de Barcelone aux Canaries, avant que ce client poursuive son tour du monde sans moi.

Carnet de bord

Essais en mer de l’Ice Cat 61

Mi-janvier j’étais à Sète pour une journée d’essais en mer du Silly Cat, catamaran de 61 pieds produit par le chantier italien Ice Yachts. J’étais aux côtés de Marc Pajot, courtier de yachts à voiles et à moteur sur la côte d’azur, qui s’est vu confier la revente de ce catamaran tout carbone, afin de prendre le bateau en main en vue de futures navigations avec des acheteurs potentiels.

Je connais depuis longtemps Marc Pajot, dont j’avais suivi les campagnes de Coupe de l’America à l’époque où j’étais grand reporter au Parisien, et que j’avais déjà retrouvé sur l’eau en novembre dernier, alors qu’il accompagnait un de ses clients intéressés par le rachat d’un Outremer 51. Cette sortie à Sète a aussi été l’occasion de retrouver Fanch Guiffant, préparateur technique bien connu du monde de la course au large. C’est lui qui s’est occupé des modifications opérées sur l’Ice Cat 61 avant sa mise sur le marché de l’occasion, comme par exemple le remplacement de la bôme à rouleau par un espar tout droit venu … de l’univers du Vendée Globe.

Si cette belle unité vous tente, … faites-moi signe.

Rafales à 25 noeuds mais mer plate, sous le vent de la côte languedocienne l’Ice Cat remonte au près à plus de douze noeuds de moyenne (Photo F. Augendre)
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Convoyage en solo d’un Outremer 45

On ne croise pas grand monde sur l’eau en période de confinement : deux-trois bateaux de pêche, quelques tankers à l’ancre dans le golfe de Fos, un autre voilier convoyé par des professionnels. En cette très belle journée de la mi-novembre, j’acheminais à Port Saint Louis du Rhône un Outremer 45 battant pavillon canadien, pour le compte de Grand Large Services. Cette société est une entité du groupe Grand Large Yachting, qui lui-même chapeaute les chantiers Allures, Garcia, Outremer, Gunboat, et désormais RM, très belle marque reprise par le groupe en début d’année 2020.

Le groupe est très présent l’accompagnement de ses clients, et leur fournit par l’entremise de Grand Large Services de nombreux services comme la mise en main de leur nouveau bateau, la formation à la croisière et au grand voyage, la maintenance, la revente ou encore la conciergerie de leur navire. C’est dans ce cadre que j’ai été missionné pour la mise au sec de ce catamaran sur le terre-plein de Navy Services.

Dans l’entrée du Golfe de Fos (photo F. Augendre)

Journée bien remplie, appareillage de la Grande Motte à 7 heures, 51 milles nautiques à couvrir au large de la Camargue, entrée dans le Golfe de Fos puis dans le canal de Port Saint Louis du Rhône pour accoster en milieu d’après-midi devant la cale de Navy Services.

Dans le canal menant à Port Saint Louis du Rhône (Photo F. Augendre)

Le port à sec sort les catamarans au moyen d’une remorque dotée de larges patins qui viennent se placer sous la nacelle. Puis le ber s’élève grâce à des vérins hydrauliques, le tracteur remonte la pente et achemine le bateau à son emplacement.

Le tracteur et le ber à levage hydraulique de Navy Services en action (Photo F. Augendre)

Vers 16 h 30 le bateau était posé sur ses cales, restait à dégréer et plier la voile d’avant, à stocker proprement tous les équipements pour la durée du séjour à terre, et à prendre la route de Marseille au milieu de la noria de camions transbahutant les containers déchargés à Fos…

Solent dégréé et plié pour stockage dans la soute à voiles (Photo F. Augendre)
Bientôt plus qu’à rentrer à la maison (Photo F. Augendre)
Carnet de bord

Convoyage La Rochelle – Canaries en Lucia 40

Dix jours, c’est le temps qu’il nous aura fallu descendre de La Rochelle à Lanzarote (Canaries) à bord de ce catamaran Lucia 40 battant pavillon canadien. C’était la première étape d’une transat qui devrait nous mener à Sainte Lucie (Petites Antilles) en décembre prochain. D’ici là le bateau devrait être équipé d’un bout-dehors et d’un genaker sur emmagasineur : si le propriétaire de ce voilier flambant neuf construit chez Fountaine Pajot avait hésité à prendre cette option, il s’est confirmé sur cette première traversée qu’en l’absence de véritable voile de portant, ce type de catamaran a du mal à se déhaler par moins de douze noeuds de vent réel.

La vision sur 360º ou presque depuis le carré n’est pas le moindre des charmes de la navigation en catamaran de croisière

La navigation au portant sous grand voile et génois par faibles brises est pénalisante aussi bien en termes de vitesse que d’angle de descente : difficile d’abattre en deçà des 145º du vent réel.

Voilà qui nous a amené à faire un peu plus de moteur que nous l’aurions aimé, d’autant que l’alizé portugais s’est avéré plutôt paresseux. Mais passé la latitude de Gibraltar, la brise à retrouvé sa vigueur saisonnière, nous permettant de gentiment débouler vers l’Est des Canaries dans le couloir entre l’anticyclone des Acores et la dépression thermique du Sahara.

Cette première traversée aura aussi été l’occasion de faire du coaching tous azimuths : météo, navigation, manoeuvres, réglages, radar, exploitation de la centrale de navigation … Lorsque l’équipage est demandeur c’est toujours un plaisir de transmettre des connaissances, d’autant qu’au fil des jours la tâche du skipper s’en trouve simplifiée. Retrouvailles dans quatre mois pour la suite du programme.

Brise soutenue, mer plate, poissons volants, et une belle lumière sur les reliefs volcaniques.

Carnet de bord

Second sur le catamaran de Bertrand de Broc

Retour en soirée sur la rade de Marseille, après une journée de charter dans les calanques.

Je l’ai interviewé plus d’une fois au cours des vingt ou trente dernières années, j’avais aussi mis mon nom, pour quelques dizaines d’euros et parmi des centaines d’autres, sur la coque de son voilier au départ de l’un de ses Vendée Globe. Disons-le donc ainsi : avec Bertrand de Broc, on se connait de longue date. Il se trouve, allez savoir pourquoi, que je n’avais navigué avec lui, alors que mon métier de journaliste – au service des sports du Parisien, puis à Voiles et Voiliers – m’a amené à embarquer avec une palanquée de coureurs professionnels, que ce soit en essai, en convoyage ou en course.

J’ai été ravi que Bertrand fasse appel à moi une journée pour le seconder, au départ du port des Corbières de Marseille, à l’occasion d’une journée de charter où nous avons récupéré les clients à Cassis. Son bateau, Pampero, est un cata de croisière (très) rapide, dessiné par l’architecte Christophe Barreau et construit à Canet en Roussillon par le chantier XL Catamarans. Avec ses deux dérives plongeant à trois mètres, son mât-aile, son déplacement résolument léger de 7 tonnes pour 16 mètres de long, c’est un multicoque vif et puissant, probablement pas à mettre entre toutes les mains malgré ses hautes étraves et sa garde au sol importante. Les aménagements ne sont évidemment pas ceux d’un Lagoon, on se situe plutôt à l’opposé du spectre, mais il y a tout ce qu’il faut à bord, et le bateau héberge onze personnes en croisière s’il le faut. L’organisation des manoeuvres et l’accastillage sont dignes d’un voilier de course, et il y a du répondant dans la barre. Le patron – faut-il le souligner – est un de ces marins à l’expérience peu commune. La journée s’est passée comme un charme.

 

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2500 milles en convoyage sur un Nautitech Open 40

De La Rochelle jusqu’en Adriatique, c’était un convoyage long, technique et exigeant. Si quelques tronçons du parcours, comme la traversée du golfe de Gascogne, sont du domaine de la navigation hauturière, l’essentiel s’effectue dans des eaux très fréquentées (ah, les flotilles de pêches et leurs innombrables filets), et à proximité de côtes escarpées propices aux effets de site bien marqués.
Ce catamaran battant pavillon allemand, un Nautitech Open 40 flambant neuf, s’est révélé une agréable surprise, aussi bien par son comportement à la mer que par ses performances sous voiles. Raideur de la structure, qui ne m’a jamais donné l’impression de se tortiller dans la mer formée, centre de gravité raisonnablement bas, position très logique des barres à l’arrière des coques, entrée d’eaux relativement fines mais surcroît de volume limitant la tendance à l’enfournement grâce aux redans des coques, l’ensemble est cohérent et séduisant; nous avons pu ainsi nous offrir quelques jolies moyennes et pointes de vitesse sans stress, sans perdre de vue qu’en convoyage – et à plus forte raison en équipage réduit – il faut savoir en permanence en garder sous la pédale.
Le choix d’un gennaker sur emmagasineur comme voile de portant s’est par ailleurs avéré très pertinent : la voile est suffisamment vaste pour assurer un surcroit de puissance bien agréable, tout en restant très facile à manoeuvrer et de surface suffisamment raisonnable pour ne pas se laisser surprendre lorsque le vent monte. Demeure le point faible, quasi-inhérent à ce type de voiliers : les angles de remontée au près. Si en croisière le mieux est encore de viser des destinations vers lesquelles on se laisse porter, en convoyage il faut accepter de consommer du gasoil sous peine de tirer des bords carrés.
Aux escales imposées par la météo se sont ajoutés les stops pour changement d’équipier, le troisième homme ne pouvant jamais rester très longtemps. Il ne s’agissait évidemment pas de refuser au propriétaire le plaisir de faire se succéder à bord ses amis, mais si c’était à refaire je privilégierais le choix d’un équipier permanent sur toute la durée du trajet. Ces rendez-vous imposés par les réservations d’avion ne sont pas toujours simples à gérer, et parfois contradictoires avec les exigences météo du moment. Nous avons d’ailleurs fini à deux, depuis la Sardaigne jusqu’en Adriatique. De ce beau voyage resteront (au-delà des relations humaines très riches) les souvenirs des falaises sauvages au Portugal, du détroit de Gibraltar par 35 noeuds de vent (dans le nez !), de la vieille ville d’Ibiza hors saison, d’une plongée à couper le souffle dans les eaux transparentes dans la réserve sarde du cap Carbonara, ainsi que de quelques bonnes tables : de Cascais à Brindisi, cela ne manque pas d’endroits où l’on sait cuisiner et produire de bons vins.

Pour la petite histoire, j’ai assuré cette navigation « à l’ancienne », avec sextant et compas de relèvement, de façon à valider la partie pratique de mon brevet Ocean Yachtmaster, et à présenter l’examen à mon retour en France. Je suis plutôt de ceux qui pensent que c’est un peu couper les cheveux en quatre, que le GPS est fiable en toutes circonstances, et que pour parer à l’éventualité d’une panne de ressources électriques il suffit d’embarquer un récepteur de secours à piles. Il n’empêche que j’ai trouvé ce jeu très plaisant et gratifiant, aussi bien pour l’esthétique de cette image dans la lorgnette (le reflet de l’astre que l’on pose sur l’horizon) que pour la satisfaction de se positionner avec une marge d’erreur minimale sans autre assistance que celle d’éphémérides et de tables de calcul.

Dans la houle de l’Atlantique.

Balade à Ibiza.

Un « cadeau » dans l’hélice tribord.

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2000 milles en Lagoon 450

Vingt jours, c’est le temps qu’il aura fallu pour acheminer un Lagoon 450 flambant neuf de La Rochelle, où il avait été livré par le chantier, jusqu’à Port Camargue, son port d’attache. Une météo capricieuse aura obligé à patienter plusieurs jours à Vigo (Espagne) jusqu’au retour des vents au secteur Nord, les catamarans de croisière n’étant pas des foudres au près serré. Et pourtant, nous aurons tiré quelques bords, les 1635 milles de la route directe s’étant convertis en 2000 milles au loch …

Ce convoyage à six mains – votre serviteur et le couple de propriétaires – était aussi une mise en mains et une formation pour mes clients, qui avaient besoin de se familiariser avec leur bateau, mais aussi d’acquérir un certain nombre de fondamentaux. Manoeuvres, navigation, stratégie météo, notions simples de routage, réglages, manoeuvres de port, contrôle des moteurs, fonctionnement des nombreux systèmes (dessalinisateur, générateur 220 V, …), utilisation fine de l’électronique de bord, manipulation du radar : chaque moment de la navigation a été mis à profit pour l’apprentissage, la révision et les approfondissements. L’escale forcée à Vigo aura été l’occasion de peaufiner la préparation du bateau, de mateloter ce qui méritait de l’être, mais aussi de faire enchaîner les manoeuvres de port aux propriétaires, ou de filer dans le fond de la (magnifique) ria pour revoir la technique de mouillage. J’en profite pour signaler la qualité technique de l’accueil à la marina Davila, habituée il est vrai à accueillir des super-yachts : les installations portuaires sont parfaitement configurées pour les bateaux un peu encombrants comme le nôtre, et les matelots sont d’un aide particulièrement précieuse lors des accostages.

Sortie du détroit de Gibraltar, avant le lever du jour (photo F. Augendre).

Le trafic est dense tout au long de la péninsule ibérique, les DST (dispositifs de séparation de trafic) ponctuent le parcours, avec une mention spéciale à Gibraltar, où la forte densité des cargos se conjugue avec les effets météorologiques locaux et le renforcement (significatif !) du vent dans le détroit. L’équipage a été bien rôdé à l’identification des routes de collision, à l’exploitation judicieuse du système AIS, aux procédures radio avec les cargos de rencontre et à l’observation des règles de barre.
Après une dernière manoeuvre délicate par vent de travers – les huit mètres de large du catamaran passant au chausse-pied entre les ducs d’Albe – le Lagoon a trouvé début juin son emplacement au ponton des multicoques de La Grande Motte. De belles navigations méditerranéennes attendent maintenant ses propriétaires.

Faisons connaissance, Let's get in touch

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