Trois jours en Pogo 30
Les voiliers de croisière de la série Pogo, construits par le chantier Structures à Combrit (Bretagne Sud) sont de mon point de vue des bateaux très réussis, collant idéalement à leur programme de monocoques de voyage performants. J’avais déjà encadré des clients sur un Pogo 12.50, lors d’une traversée aller-retour du Golfe de Gascogne, j’avais aussi participé aux essais du Pogo 50 et du Pogo 30, lorsque je travaillais à Voiles et Voiliers.
L’essai du Pogo 30, en particulier, m’a laissé des souvenirs impérissables. Si le deuxième jour m’avait donné l’occasion de belles images dans une longue houle au large des rochers de Penmarch’, la veille les appareils photos étaient restés au sec : nous testions les qualités marines du plan Finot-Conq dans des conditions météo (très) musclées, avec 45 noeuds de vent au passage d’un front. Le coup de vent était annoncé et attendu, le patron du chantier nous avait permis de maintenir la sortie, c’est dire si Structures a confiance en ses bateaux, quand bien même le skipper maison Charly Fernbach était à bord. Pour se faire une idée de l’ambiance du moment, on pourra jeter un oeil au derniers instants de ce teaser de l’essai du Pogo 30 (l’homme en ciré rouge au pied de mât ou aux écoutes, c’est moi, les images vidéo sont de François Déliac).
J’adore la façon dont la vie nous gratifie parfois de clin d’oeils émus dans le rétroviseur, et j’étais particulièrement heureux d’emmener des clients à bord du Pogo 30 qu’ils avaient réservé au départ du Vieux Port à Marseille. C’était ma troisième sortie avec cette famille, que j’avais d’abord encadrée sur une mini-croisière au départ de Hyères sur un Sun Odyssey, puis une semaine en été sur un trimaran Neel 45. Dans leur projet d’accéder à l’autonomie pour un jour louer seuls des voiliers, ou même acheter leur propre bateau, autant changer régulièrement de support pour varier les plaisirs mais aussi expérimenter des pratiques différentes et enrichir « la bibliothèque des situations vécues », comme dirait un entraîneur de ma connaissance.
L’accent était donc mis cette fois-ci sur la performance, avec découverte du spi asymétrique, de la trinquette de brise sur bas étai largable, du rôle des bastaques (à mon avis peu utiles sur le mât carbone à barre de flèches poussantes du Pogo 30, mais le loueur a voulu cette option). La météo assez changeante nous a permis de tester aussi bien la relance au portant dans les petits airs que la navigation « sur les portières » sous grand-voile arisée et trinquette.
Autant de premières pour mes clients, qui ont aussi découvert les sensations du planing et ce moment particulier où les turbulences décrochent du tableau arrière, laissant le sillage se lisser et s’allonger. Un Pogo, ça plane même au allures débridées. Et si en deux jours et demi le périmètre de navigation est forcément limité, nous avons eu le plaisir de profiter de deux escales calmes et sereines, en ces lieux si différents et particuliers que sont le port du Frioul et la calanque de Port-Miou.