Convoyage de Frossay (France) à Chichester (G-B)

Lors de ce convoyage printanier, il s’agissait d’accompagner un couple de propriétaires britanniques qui venaient d’acheter un Sun Odyssey 45 DS (pour Deck Saloon) en Loire-Atlantique et souhaitaient le rapatrier sur la côte sud de l’Angleterre. Du port à sec « Les Portes de l’Atlantique », situé à Frossay sur la Loire (en amont de Saint-Nazaire) jusqu’au port à flot de Chichester (une poignée de milles à l’Est de Portsmouth), c’est une navigation bien technique qui nous attendait, entre courants et passages à niveau, proximité quasi-permanente d’obstacles et de dangers, et trafic maritime intense – qu’il s’agisse des flottilles de pêche près des côtes bretonnes aussi bien que de la traversée du rail des cargos en Manche, dans le prolongement du DST des Casquets.

Si le renfort de deux amis des propriétaires a permis d’organiser une rotation très confortable pour l’équipage de trois bordées (soit deux heures de veille pour quatre heures de repos), j’ai dû pour ma part limiter sérieusement les temps de sommeil. C’est dans ces circonstances qu’on apprécie le confort d’une large capote couvrant la descente et l’avant du cockpit …

Notre Sun Odyssey 45 Deck Saloon à bon port. Ciel et temps humide, mais marina impeccablement tenue et cela suffit à conclure le convoyage sur une note très positive.

L’affaire a été rondement menée, avec une très courte escale à Loctudy, le temps de laisser passer le plus fort d’un coup d’Est et d’ajuster l’heure de passage du raz de Sein. Le plus délicat, assez paradoxalement, s’est avéré l’atterrissage en Angleterre, le crachin nocturne réduisant à quinze ou vingt mètres la visibilité dans le bras de mer sinueux et étroit menant à l’écluse de Chichester. Cela s’est terminé moteur au ralenti, à la lueur de la frontale, en cherchant notre chemin au milieu des mouillages encombrant ces parages plus champêtres que maritime.

L’épisode a été une fois plus l’occasion de vérifier qu’à naviguer le nez sur la cartographie électronique on aurait vite fait de finir dans la vase : ce n’est pas que le GPS soit imprécis – à l’heure du GPS différentiel la position qu’il fournit est fiable à cinq mètres près – c’est que la carte elle-même – sur laquelle rien ne nous indique à quelle époque et avec quelle méthode ont été effectués les relevés – n’est pas forcément totalement raccord avec le paysage. Des chenaux, ça se déplace avec les ans, et des relevés à l’ancienne (sondages au plomb, espacés par nature, avec positionnement sur repères à terre à la lunette optique), ça laisse une large part de flou et d’imprécision.

A force de patience et de précautions nous sommes arrivés au lever du jour dans une marina remarquablement tenue, dont le pub sert des breakfasts homériques, dont les sanitaires sont dignes d’un palace (quand on rêve depuis trois jours d’une douche brûlante, ça compte), que le train relie à Londres en un rien de temps, et qui baigne dans une atmosphère paisible totalement hors du temps. Cela a beau être situé à deux pas du Solent, que je pense avoir parcouru à peu près sous toutes les coutures, j’ignorais tout du lieu, qui mérite le détour à de nombreux égards. Une vraie découverte, et une adresse à garder en tête.

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