A fond dans la préparation d’un tour du monde
19,4 noeuds en vitesse de pointe, ce n’est pas tous les jours qu’on signe de telles performances à la barre d’un bateau de croisière. Neuf noeuds de moyenne sur une traversée de plusieurs jours, entre le Sud de l’Espagne et les Canaries, ça parle aussi : les Outremer ne sont pas tout à fait des catamarans comme les autres.
C’est une très belle mission qui s’est achevée pour moi, début novembre 2021, à Santa Cruz de Tenerife. Au total, j’aurai passé près de six semaines, en plusieurs épisodes, sur cet Outremer 51 en partance pour un tour du monde de trois ans par les tropiques et Panama. Mon rôle : préparer au mieux le bateau et son propriétaire à leur long voyage.
Piedralibre réalise ce tour du monde dans le cadre du Grand Large Yachting World Odyssey, un rallye organisé par le groupe de construction navale qui possède les marques Outremer, Gunboat, Garcia, Allures et RM – chacune avec ses spécificités bien marquées, mais toutes résolument orientées vers le grand voyage. Avec ses points de regroupement – les participants sont libres de leur itinéraire entre deux escales « officielles » -, sa logistique, un suivi météo, un SAV dépêché par les chantiers à intervalles choisis, le rallye est un cadre sécurisant et rassurant. Il n’empêche : le propriétaire a souhaité mettre toutes les chances de son côté en se faisant accompagner dans les préparatifs et sur les premières étapes du voyage.
Optimisation du bateau et de son accastillage, passage en revue des configurations de voilure en fonction des conditions de mer et de vent, conduites à adopter par gros temps, briefings et procédures de sécurité, manoeuvres sous voiles, organisation de la vie du bord et rythme des quarts, utilisation pertinente des instruments électroniques, réglages du pilote automatique, capture et utilisation au large des données météo, gestion de l’énergie, rédaction des plans de route, vérification et rangement de tout le matériel de secours, tous les secteurs du jeu auront été passés en revue. Nous avions commencé à débroussailler tout cela avant l’été, lors d’une croisière en double qui nous avait amené de Port Camargue jusqu’en Corse et retour. Le projet était d’approfondir ces bases et de consolider les acquis sur le début du rallye, jusqu’aux Canaries.
Le dernier volet de cette collaboration a donc pris la forme d’une croisière à l’ambiance très studieuse, mais aussi bien joyeuse (souvent festive aux escales, gastronomique aussi) depuis la Grande Motte, départ du GLYWO jusqu’à Tenerife, en passant par Minorque, Barcelone, Majorque, Espalmador, La Linea de la Concepcion (ville espagnole frontalière de Gibraltar), Cadix, Séville, Lanzarote et pour finir, Santa Cruz de Tenerife.
Point d’orgue, cette avant-dernière navigation entre Séville et Lanzarote, dans un alizé bien soutenu qui nous aura accompagné du travers du détroit de Gibraltar jusqu’aux premiers dévents des îles. L’Outremer 51 m’avait déjà épaté dans les eaux méditerranéennes, en alignant régulièrement des vitesses « à deux chiffres » dès qu’on envoyait une voile de portant, mais il avait encore de la ressource et n’attendait que les longues houles de l’Atlantique pour allonger la foulée. Cerise sur le gâteau, la satisfaction de voir tous les concurrents du rallye loin dans le rétroviseur, quand bien même il ne s’agissait pas une course : qui ne s’est jamais fait plaisir en « déposant » les voiliers croisés sur le plan d’eau ? Un repos bien mérité à Lanzarote et c’était le dernier petit tronçon jusqu’à Tenerife, en soignant comme toujours trajectoires et empannages, puis changement d’équipage, et Bertrand et Piedralibre ont poursuivi leur beau voyage avec, j’espère, un maximum d’atouts en main.